Les principes de la permaculture,
des fondamentaux pour vivre autrement
Découvrir les principes fondateurs de ce concept global inspiré et fondé à partir de l’observation de la nature et de son fonctionnement. La permaculture désigne à la fois une éthique, des principes et une méthodologie à adopter dans le but de concevoir des lieux écologiquement soutenables, socialement équitables et économiquement viables. Le terme même de «permaculture» est issu de l’expression américaine «permanent agriculture» (ou agriculture permanente en français), elle-même apparue en 1910 dans l’ouvrage de Cyril George Hopkins, Soil Fertility and Permanent Agriculture.
Les australiens Bill Mollison et David Holmgren théorisent le concept dans leur livre Permaculture 1. Une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles publié en 1978.
Ils y définissent la permaculture comme «un système évolutif, intégré,
d’auto-perpétuation d’espèces végétales et animales utiles à l’Homme».
Cet ouvrage propose une alternative à des méthodes d’agriculture industrielles démultipliées et devenues problématiques. Les pollutions et les destructions engendrées par celles-ci mènent les deux auteurs à imaginer une forme d’agriculture plus pérenne et respectueuse des écosystèmes.
À la suite de cet ouvrage, le champ d’application de la permaculture s’étend bien au-delà du monde agricole. En effet, d’abord Bill Mollison puis David Holmgren poursuivent leur théorisation de la permaculture en énonçant un ensemble de principes directeurs. Ceux-ci ont pour but de guider quiconque le souhaite dans la conception de ces modes de vie plus durables pour l’humain.
Les 10 principes de la permaculture par Bill Mollison
Dix ans après le tome 1 de Permaculture. Une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles, Bill Mollison, inspiré par sa vie dans la communauté Tagari où il a pu expérimenter l’auto-suffisance, écrit le tome 2 consacré à l’agriculture durable. Il intitule cet ouvrage Permaculture 2. Aménagements pratiques à la campagne et en ville et traite cette fois non plus uniquement de design agricole mais dans un sens plus large. Le design étant alors entendu comme l’art de concevoir des solutions soutenables, le champ de la permaculture est étendu au-delà du monde agricole.
Bill Mollison énonce les principes de la permaculture suivants :
Principe #1 Travailler avec la nature plutôt que contre elle
L’essence de la permaculture réside dans le «biomimétisme», c’est-à-dire l’observation et l’imitation de la nature. De cette ambition résulte l’intérêt de l’apprentissage d’observer son fonctionnement pour développer une véritable collaboration avec la nature. Par exemple, promouvoir des solutions naturelles plutôt que l’usage de pesticides et réhabiliter les vertus des «mauvaises herbes» sont des application de ce principe.
Principe #2 Le problème est la solution
Autrement dit, la solution se trouve dans le problème. Un écosystème est composé de nombreuses éléments connectés et interdépendants. Si l’un de ces éléments vient à manquer ou à se proliférer en trop grand nombre, alors un déséquilibre se crée. Étudier le problème et appréhender son fonctionnement constituent les clés pour résoudre celui-ci.
Prenons l’exemple d’un espace qui attire particulièrement les limaces. Le déséquilibre créé dans l’écosystème par ce pullulement de limaces peut se résoudre en créant des zones d’accueil pour ses prédateurs. Un tas de bois constitue par exemple un parfait habitacle pour des hérissons qui une fois installés permettront de rééquilibrer la population de limaces.
Principe #3 Faire le plus petit effort pour le plus grand changement
Ce principe est une invitation supplémentaire à approfondir toujours plus les connaissances du site sur lequel la permaculture est mise en application. En effet, il convient d’être en mesure d’appréhender les effets concrets d’un changement que l’on apporte à un environnement. Cette démarche amène alors à choisir stratégiquement d’apporter les changements qui demandent le moins d’effort mais qui produiront d’importants effets.
Principe #4 Prévoir l’efficacité énergétique
Le modèle permaculturel vise l’autonomie et la résilience, c’est-à-dire la capacité à surmonter un choc traumatique. Il a ainsi pour but d’être économe en énergie, notamment en minimisant notamment l’énergie humaine. C’est pourquoi il est nécessaire de penser de manière la plus optimale possible le placement des différents éléments constituant le système en fonction des flux d’énergie (vent, soleil, eau, animaux, travail humain, etc.).
Principe #5 Penser l’emplacement de chaque élément
L’interdépendance qui existe entre chaque éléments d’un même écosystème (cf. principe #2.) implique une influence mutuelle de ces divers éléments entre ainsi que sur le système dans sa globalité. L’intérêt est alors de penser l’emplacement de ses cultures et des solutions apportées en fonction des effets bénéfiques que chaque élément peut apporter aux autres pour provoquer des synergies. Par exemple, la Milpa, une technique agricole mixte de culture complémentaire, illustre parfaitement ce principe.
Principe #6 Privilégier et valoriser les zones de bordure
La bordure ou la lisière correspond selon Bill Mollison à une «interface entre deux milieux». Ainsi l’effet bordure ou l’effet lisière désigne les zones de rencontre entre deux milieux différents. Ces bordures sont très riches et variées en biodiversité, les entretenir participe à favoriser le développement de cette biodiversité.
Principe #7 Chaque élément remplit plusieurs fonctions
Que ce soit dans la nature ou dans un système permaculturel, chaque élément qui le compose remplit plusieurs fonctions qui servent l’ensemble de l’écosystème. S’ajoute donc au principe de choix d’un emplacement réfléchi, celui d’un choix approprié de chacun des éléments qui va constituer le système. On s’assure par là une plus grande performance sur une surface plus petite.
Principe #8 Chaque fonction est assurée par plusieurs éléments
Il s’agit ici du principe inverse : rassembler plusieurs éléments ayant la même fonction permet d’assurer ses arrières en cas de problème. Cela permet d’atteindre l’un des objectifs clés d’un système permaculturel : la résilience face aux bouleversements que peut connaître le système que ce soit d’un point de vue spécifique ou dans sa globalité.
Principe #9 Faire circuler l’énergie
La permaculture se fonde sur l’utilisation des flux d’énergies, il est donc primordial d’en limiter les fuites. Il est ainsi primordial non seulement de capter et stocker les énergies entrantes (soleil, pluie, vent, etc.) mais aussi en utilisant les énergies disponibles avant qu’elles ne soient entièrement dégradées.
Principe #10 Tout jardine… ou a un effet sur son environnement
Toute action sur le système, si infime soit-elle, aura une répercussion sur celui-ci dans son ensemble et individuellement sur les éléments qui le compose.
Les 12 principes de la permaculture par David Holmgren
A la fois à travers sa société Holmgren Design Services, fondée en 1983, et les enseignements qu’il dispense à la ferme Food Forest dans le sud de l’Australie depuis 1991, David Holmgren approfondi ses connaissances de la permaculture sur le terrain.
Ces diverses expériences l’amènent à dégager 12 principes fondamentaux de la permaculture qu’il publie en 2002 dans un livre nommé Permaculture : principes et pistes d’action pour un mode de vie soutenable. Ces principes peuvent se distinguer entre principes d’attitude et principes de conception, tous s’inspirant du fonctionnement des écosystèmes.
Principe #1 Observer et interagir
Ce premier principe est essentiel à la permaculture et doit se concevoir sur le long terme. L’observation se définit comme le fait de considérer avec attention tandis que l’interaction désigne le fait d’avoir une action. La permaculture nous invite à observer les éléments naturels qui nous entourent et à prendre le temps de nous impliquer dans cette interaction avec celle-ci; cette combinaison devant permettre d’entrevoir des solutions adaptées pour chaque situation.
Principe #2 Collecter et stocker l’énergie
L’air, l’eau, le soleil constituent des sources d’énergie. Concevoir des systèmes permettant de les récolter lorsqu’elles abondent puis de les stocker permet de s’en assurer la disponibilité tout au long de l’année. Ces dits systèmes vont des tonneaux récupérateurs d’eau de pluie aux murs en pierre permettant une accumulation de la chaleur. Sous forme de nourriture, le jardin est également une réserve d’énergie dont on peut collecter et stocker les produits de saison pour les consommer au fil du temps.
Principe #3 Créer une production
Il est normal d’aspirer à obtenir des résultats immédiats, ne serait-ce que pour se nourrir. C’est pourquoi il est souhaitable de viser toujours à ce que l’ensemble du travail entrepris sur son environnement vise l’obtention de résultats utiles et productifs.
Principe #4 Appliquer l’auto-régulation et accepter la rétroaction
L’auto-régulation est l’un des principes fondateurs de la permaculture, il désigne le fait pour un système de se réguler par lui-même. La rétroaction est quant à elle l’action résultat d’une action précédente, d’où la désignation par action retour. Qu’elle soit positive ou négative, la permaculture invite à accepter ce retour de la nature à la suite de nos actions.
Principe #5 Utiliser et valoriser les services et les ressources renouvelables
La permaculture constitue également un mode de vie dont l’une des ambitions est d’atténuer autant que possible sa dépendance vis-à-vis des ressources non renouvelables. L’utilisation et la valorisation des ressources qui abondent dans la nature servent notamment cet objectif-ci.
Principe #6 Ne pas produire de déchets
L’utilisation et la valorisation de toutes les ressources disponibles amène à ne rien laisser pour déchet. Que ce soit par un entretien attentif du système ou par la gestion prévoyante des ressources, tout gaspillage doit être banni et les déchets produits peuvent et doivent trouver une utilité (par exemple, en compostant).
Principe #7 Partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails
Concevoir un système implique de créer de solides fondations. Il est donc important de prendre du recul et d’observer les structures dans la nature puis la société qui constitueront la charpente de notre conception. Puis au fil du temps les détails feront leur place.
Principe #8 Intégrer plutôt que séparer
Les bons éléments placés au bon endroit entraînent la création de liens mutuellement bénéfiques. Ces éléments pourront alors se développer, s’entraider et se renforcer réciproquement.
Principe #9 Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience
Il est préférable de privilégier les systèmes à petite échelle et lents car l’entretien n’en sera que plus simple, tout en utilisant au mieux les ressources locales et en obtenant des résultats plus durables.
Principe #10 Utiliser et valoriser la diversité
La diversité est une force à entretenir précieusement au sein du système. Elle le renforce, le laissant moins vulnérable vis-à-vis des nombreux aléas de la nature et amène à mettre à profit la nature unique du lieu.
Principe #11 Utiliser les interfaces et valoriser les éléments en bordure
Ce principe est comparable à l’effet bordure énoncé par Bill Mollison. Il met aussi en évidence la richesse en termes de diversité et production que contiennent les endroits où deux milieux se rejoignent.
Principe #12 Utiliser le changement et y réagir, de manière créative
L’observation est au cœur de ce principe. Un changement que l’on sait inéluctable est gérable dans la mesure où l’on prend le temps d’observer attentivement pour ensuite agir au bon moment. L’impact qui en découle ne peut alors être que bénéfique.
Pour conclure, l’ensemble de ces principes doit s’appréhender comme une boîte à outils. Le permaculteur étant donc l’artisan et les principes précédemment décrits les outils appropriés pour son «art».
Par ailleurs, tel que le reflète ces principes, la permaculture ne peut être cantonnée à une technique agricole ou de jardinage : elle est une méthode globale de conception de modes de vie durables pour les humains, inspirés de la nature.
Ces grands principes peuvent donc s’appliquer dans de multiples autres contextes et situations de notre vie.